#542



je n’écris pas pour tuer le temps. Tout au contraire. J’écris pour le sentir passer. Pas pour rien que j’écris au présent. Le présent d’où nait ma voix. Elle dit Je. Un Je suivi par quelqu’un, l'ombre d'un homme devenu lieu dans le noir une fois l'écran éteint. Les lueurs de la ville se mêlent aux rares étoiles. Mes yeux dans la nuit regarde au loin, derrière la fenêtre de ma chambre, allongé sur le lit, rideaux ouverts sur l'horizon sans lune, un noir mi-eau mi-bitume, face au ciel à la ville et au fleuve que je ne peux distinguer les uns des autres. Soudain le monde devient une sombre faille, un espace sans paroi ni sol, un trou d'air obscur où chuter jusqu'à l'aube. Dans le trou je trouve des mots toujours, plus je creuse plus il y en a. Ils se démultiplient à force de digression. Chacun d'entre eux lance une autre vague, un mouvement qui cherche indéfiniment son épuisement.

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